Le volet social et écologique,
un pilier de la Distillerie Sentema
Attachée à ses valeurs, Lolita se donne deux principes directeurs : créer des spiritueux de qualité de manière vertueuse et durable. Lolita s’interdit toute concession sur l'écologie pour l’appât d'un gain plus élevé. Pour son activité, elle tient à concilier viabilité économique et respect de la nature. En conséquence, la sobriété est la règle. À la Distillerie Sentema, vous ne verrez pas de canne à sucre importée des Antilles pour la production du Rhum, ni du poivre exotique pour le Gin, pas plus que de l’anis étoilé pour le Pastis. Le sud de la France est une réserve incroyable de plantes et de fruits. En préservant une échelle locale et humaine dans le développement de sa distillerie, la jeune femme s’approvisionne en quantités suffisantes auprès de petits producteurs régionaux, ou plus largement auprès de coopératives du sud de la France.
En France, l’alcool est surtout produit par de grandes industries qui détiennent le monopole depuis plusieurs décennies. Cette industrialisation a fait passer au second plan ce qui constitue l’essence des spiritueux : il est avant tout une matière d’origine agricole, fabriquée à partir de céréales ou de fruits.
Paradoxalement, tout le monde a déjà entendu parler d’un voisin ou d’un grand-père produisant sa propre « gnôle ». Quelques rares bouilleurs ambulants perpétuent la tradition.
D’ailleurs, l’évocation de l’alambic a toujours un fort impact sur l’imaginaire collectif. La distillerie traditionnelle touche aux souvenirs, le plus souvent des souvenirs heureux de bons moments partagés. Comme le souligne Lolita, « décider de produire de manière (réellement) artisanale, c’est revenir à ça : au fait main, au partage, au réel, l’accessible, redonner vie à chacun de ces souvenirs, et mieux encore, offrir la possibilité d’en créer de nouveaux. ‘Mais ça existe encore ça ? On a le droit ?’ Combien de fois ai-je entendu cette phrase récemment ! »
« La question de l’environnement, de l’écologie, du développement durable est un filtre par lequel passent 100% de mes réflexions, questions, décisions. »
Avec l’industrialisation, la distillerie s’accompagne d’une certaine opacité. Quels produits consomme-t-on en buvant un Pastis, un Gin, un Whisky ou une Vodka ? En réalité, aucune réglementation n’oblige les industriels à inscrire sur l’étiquette le contenu des boissons. A-t-on utilisé un agent anti-mousse pendant la distillation ? L’alcool est-il édulcoré ou coloré ? Pauvre en composition, certains produits contiennent des arômes et des molécules aux propriétés neurotoxiques. La matière première provient parfois de pays lointains, cultivée par des travailleurs sous-payés dans des conditions dramatiques pour l’environnement.
Au contre-courant, Lolita énumère avec beaucoup de fierté ses ingrédients et leur origine. "La transparence sur les matières premières avec lesquelles je travaille est indispensable, et c'est aussi valoriser le travail de mes collaboratrices, maraichères et cueilleuses notamment".
Quels que soient les obstacles, elle ne perd pas de vue son cap : le développement durable qui est au cœur de son projet.
Dans cette optique, la distillerie Sentema utilise des bouteilles de verre 100% recyclées, une initiative audacieuse qui a naturellement un coût. Peu importe… aux yeux de la jeune femme, c’est l’avenir ! « Soutenir cette petite niche à mon échelle compte énormément pour moi. Mes bouchons sont en liège bio et bois issus de forêts certifiées. La question de l’environnement, de l’écologie, du développement durable est un filtre par lequel passent 100% de mes réflexions, questions, décisions. »
Pour Lolita, les spiritueux sont avant tout un moyen de recréer du lien entre l’humain et la nature. La jeune femme invite à consommer moins, mais mieux. «
Je suis installée dans une zone rurale, un magnifique village de Provence, moins de 1000 habitants, à cette échelle, chaque nouvelle activité artisanale et commerciale est un coup de boost donné à la communauté. C’est faire parler du village, c’est attirer du monde, le rendre plus attrayant, c’est aussi du lien entre ses habitants, une fierté qui rayonne pour chacun.
»
Crédits photos : David Girard
